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* Alida Cilli's tricks and tips *
11 janvier 2015

* Io sono Alida *

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Sono Alida ! Je suis Alida… tel qu’il plut à mon père de me m’appeler. Pas facile à porter ce prénom à l’enfance et à l’adolescence, source de moqueries, de quolibets, mais aussi forgeur de caractère car il faut s’en bâtir un pour faire face à ces outrages de marmots méchants ou de boutonneux sans esprit. En définitive, à l’âge des premiers bilans, ceux que l’on pose à l’aube de la quarantaine, je m’aperçois que ce prenom fait partie entière de ma personnalité, qu’il a contribué à la construire. Et force m’est de constater que cette personnalité, elle me convient parfaitement. Autant, à l’enfance, j’ai pu en vouloir à mon père de m’avoir choisi ce prénom autant je lui en suis reconnaissante aujourd’hui ! Mais au fait, d’où vient-il ce prénom ? D’après son étymologie, la première à porter le prénom fut Alida de Sienne, épouse d’un notable de la Cité Libre et Indépendante de Sienne en Toscane. Libre et indépendante, deux qualificatifs qui me conviennent déjà parfaitement ! Alida de Sienne naquit en 1249 à l’époque ou Sienne était la rivale de Florence, anti-papale et partisane du Saint-Empire Germanique. Alida est d’ailleurs un prénom qui trouve une origine germanique, il est dérivé du prénom Adal qui signifie « noble », cela me convient aussi car il faut une bonne dose de noblesse d’esprit pour se construire. Adal qui donna aussi naissance aux prénoms Aude, Adèle, Adel et Adelin(e)… Nous sommes, nous les Alida, curieuses, rêveuses, gourmandes, fières, parfois un peu têtues et capricieuses, parait-il. Cela me va, je l’assume et le reconnais volontiers, ça correspond plutôt à ma personnalité. Mais si je porte ce prénom c’est pour une raison aussi simple que banale; cela n’a rien à voir avec Alida de Sienne, future Sainte-Alida, dont la fin de vie religieuse s’éloigne totalement de mes aspirations, encore que sous les ordres elles consacra sa vie aux malades et aux indigents. Non, mon prénom vient prosaïquement de l’amour platonique que portait mon père à l’actrice italienne Alida Valli.
Née, en 1921, à Pula, une ville côtière d’Istrie alors italienne (aujourd’hui croate) sur l’Adriatique, Alida Von Altenburger était la fille d’un journaliste autrichien élevé au rang de Baron de l’Empire Austro-Hongrois. Elle développe très tôt une passion pour le cinéma et émigre vers la capitale italienne où vient de se créer la Cité du Cinéma, Cinecittà. Là, elle enchaine rapidement les petits rôles autant grâce à son talent de comédienne qu’à sa plastique irréprochable. Elle opte rapidement pour le patronyme Valli, plus italien, car elle a trouvé sa voie, elle fera carrière dans le cinéma. Hélas, le fascisme bien installé depuis le début des années ’20 en Italie, laisse de moins en moins de place à la démocratie. Mussolini balaie le parlementarisme pour installer l’autoritarisme. En 1942, sous la conduite de Golfredo Alessandrini, Alida Valli joue dans Nous, les vivants, une critique virulente de la politique dictatoriale en place. Elle devient personna non-grata, d’autant plus qu’elle rejette le système de cinéma officiel qui sert la propagande fasciste, et est obligé de se cacher mais refuse une proposition du riche producteur hollywoodien Daryll Zanuck qui voulait l’emmener sur la côte ouest des Etats-Unis, La Mecque du cinéma des années ’40 et ’50. Alida Valli préfère rester en Italie, près de ses proches et de sa famille. Sa carrière se met entre parenthèses, elle ne tourne que dans quelques productions de seconde zone dans un courant cinématographique parallèle et peu diffusé. A l’issue de la guerre, Alida Valli répond enfin aux sirènes hollywoodiennes; elle s’installe pour quelques années aux USA où elle tourne avec les plus grand, Alfred Hitchcock (Le Procès Paradine, 1947, avec Gregory Peck et Charles Laughton), Irving Pichel (Le Miracle des Cloches, 1948, avec Frank Sinatra) ou encore Carol Reed (le fabuleuxTroisième Homme, 1949, avec Orson Welles et Joseph Cotten, deux immenses stars de l’époque). Mais Hollywood est trop loin de son Italie, elle souffre du mal du pays et choisit, malgré la promesse d’une belle carrière américaine, de revenir en Italie où, dès les années ’50, elle devient une star importante. Elle tourne avec Lucchino Visconti, Michelangelo Antonioni et Pier Paolo Pasolini. La France lui tend les bras, Roger Vadim lui propose de partager l’affiche avec Brigitte Bardot dans Les Bijoutiers du Clair de Lune (1958), René Clément et Jacques deray lui offrent encore de beaux rôles avant qu’elle ne s’essaie à la comédie dans Signé Arsène Lupin (1959, d’Yves Robert avec Robert Lamoureux). En parallèle, Alida Valli entame une carrière théâtrale où elle sert les plus grands auteurs William Shakespeare, Henrik Ibsen, Anton Tchekhov, Jean-Paul Sartre, Arthur Miller ou Tennessee Williams et, bien entendu, Gabriele d’Annunzio l’auteur originaire de Pescara, berceau de ma famille…
Avec les années soixante, la carrière cinématographique de la belle istrienne s’essoufle, elle n’apparait plus qu’épisodiquement sur le grand écran, préférant les planches de la Concordia, de San Marco, du Paladium ou du Fenice. Malgré cela, elle connaitra encore quelques grands succès comme La Stratégie de l’Araignée (de Bernardo Bertolucci, 1970), Le Professeur (de Valerio Zurlini, 1972, avec Alain Delon), Le Pont de Cassandra (de Georges Pan Cosmatos, 1976, avec Sophia Loren et Richard Harris) ou 1900 (de Bernardo Bertolucci, 1976, avec Robert De Niro et Gérard Depardieu). Alida Valli tourna jusqu’à l’aube des années 2000, elle s’éteignit à Rome en 2006. Belle comme l’amour, Alida Valli fit rêver une génération de jeunes hommes entre 1940 et 1960, elle maria le talent à sa beauté pour devenir une actrice majeure du cinéma italien. Elle est était surnommé La Signora et est reprise dans l’ouvrage The Great Movie Stars, de David Shipman qui la décrit comme « faisant partie de la demi-douzaine de stars féminines immenses du cinéma du 20è siècle« . Frédéric Mitterrand ajoute que « En Europe, Alida Valli fut la seule à égaler Marlène Dietrich et Greta Garbo« … Deux compliments qui témoignent à souhait de la carrière fabuleuse d’une Grande Dame du cinéma italien. En 1997, elle fut récompensée du Lion d’Or de la Mostra de Venise, la plus haute récompense du cinéma italien, pour l’ensemble de sa carrière et sa contribution à la culture italienne. Elle avait déja reçu le Prix de la Meilleure Actrice de la Mostra, en 1942, pour son rôle dans Le Mariage de Minuit, de Mario Soldati.
Alida Valli fit rêver mon père, ce ne fut pas le moindre de ses talents, à un point tel qu’il décida de me donner le prénom de cette icône de sa jeunesse. Ce prénom, je le porte fièrement parce que je l’apprécie mais aussi en hommage à cette grande actrice qui fit briller dans les yeux de mon père les étoiles du bonheur.
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